Ce matin, j'ai trouvé ça dur de m'arracher du lit. Plus que d'habitude.
Petite Perle s'est levée à 4h parce qu'elle avait mal.
Où? dans la bouche. A une dent, à la machoire, à la joue? partout dans le coin.
Rien ne vaut un père pour s'occuper des enfants la nuit.
De toute façon, c'était le contrat: j'allaite la première année, donc je suis de toutes les corvées 24h/24 mais après, je passe mon tour!
N'empêche que même si je ne me suis pas levée, ça m'a réveillée. Grrrr...
En sortant du collège, petite visite à monsieur l'arracheur de dent, qui donc, comme son nom le laissait supposer, a arraché la molaire de lait qui s'était déplacée et abimait la joue tout en malmenant la gencive. Ouf, c'est fini... pour cette fois.
Nous entamons la 4ème semaine de classe. Les élèves montrent leur vrai visage.
Je commence à comprendre pourquoi mon nouveau demi-collège est classé en "ambition réussite".
"La politique de l'éducation prioritaire intervient pour les écoles et collèges où l’échec scolaire est le plus important. Elle vise à corriger les effets les inégalités sociales et économiques."
Premier travail: tenter de faire parler les élèves en français.
Exemple du jour: un élève de 13 ans m'interpelle; je le stoppe dans son élan; c'est le matin, mes neurones ne sont pas encore bien rangés, je ne comprends rien à ce qu'il me raconte.
Je lui demande de me le redire en français, par exemple!
Le voilà en train de chercher ses mots; il s'applique et commence:
"- il y a un moune"
Je le stoppe:
"- un moune, c'est pas français."
Il réfléchit:
"- Il y a un gens qui..."
Je l'aide:
"-Il y a quelqu'un"
Il poursuit:
"Il y a quelqu'un qui lance à moin un gomme"
Je pense: "Bon, ok, t'as reçu un bout de gomme; mais bon, comme on a déjà perdu 5 mn à traduire, je vais continuer mon cours."
Je dis: "- si je surprends quelqu'un à en lancer à nouveau, je punis! On reprend la deuxième voix du chant."
Faut pas croire, je fais des choses essentielles, moi, en classe: je fais chanter en français!